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L’avenir de l’agroalimentaire – Ce que le Canada doit faire pour gagner

Les exportateurs agroalimentaires canadiens ont besoin d’un environnement commercial international ouvert et équitable pour prospérer. Le système commercial mondial est malheureusement soumis à de fortes pressions, mais le Canada peut jouer un rôle clé pour le protéger.

L’Alliance canadienne du commerce agroalimentaire (ACCA) est une coalition d’organisations nationales qui soutiennent un environnement commercial international plus ouvert et plus équitable pour l’agriculture et l’agroalimentaire. Nous représentons les 90 % d’agriculteurs qui dépendent du commerce, ainsi que les éleveurs, les producteurs, les transformateurs et les exportateurs agroalimentaires qui souhaitent stimuler l’économie grâce à un meilleur accès aux marchés internationaux. Cela comprend les industries du bœuf, du porc, de la viande, des céréales, des légumineuses, du soja, du canola ainsi que les industries du sucre et des aliments transformés. Les secteurs représentés par l’ACCA soutiennent plus d’un million d’emplois dans les communautés urbaines et rurales du Canada.

Le secteur agroalimentaire est orienté vers l’exportation puisque nous vendons plus de la moitié de nos produits dans plus de 150 pays. Par exemple, entre 50 % de notre bœuf et 90 % de nos légumineuses finissent dans les assiettes du monde entier.

Des pays du monde entier dépendent du Canada pour leur sécurité alimentaire. Pour garantir que nous puissions continuer à aider à nourrir les familles du monde entier, les exportateurs canadiens doivent avoir un accès compétitif aux marchés guidés par les principes du commerce libre et fondé sur des règles. La mise en œuvre et la négociation d’accords de libre-échange, associées à une Organisation mondiale du commerce (OMC) solide, sont essentielles pour préserver notre capacité à contribuer à la sécurité alimentaire mondiale.

Malheureusement, l’OMC et le système mondial du commerce fondé sur des règles qu’elle représente subissent d’énormes pressions, car certaines des plus grandes économies du monde semblent plus intéressées par la gestion politique du commerce que par des règles claires et équitables. Les États-Unis bloquent le règlement des différends depuis des années, la Chine continue d’utiliser le commerce comme une arme politique et l’Inde se montre plus disposée à bloquer tous les accords à moins que ses priorités ne soient au premier plan.

Il est évident que le commerce international est devenu moins mondialisé, avec des phénomènes très discutés mais peu clairs comme le « nearshoring » (localiser ou à rapatrier une activité économique dans un pays proche de ses marchés de consommation) ou le « friend shoring » (“Ami-étayage” signifie donner la priorité à vos amis et alliés lorsque vous développez et renforcez les chaînes d’approvisionnement) qui entraînent des changements dans les structures du commerce mondial.

Le tableau n’est pas aussi sombre qu’il y paraît. Le commerce international continue de croître. Les grandes avancées technologiques des dernières décennies, telles que les conteneurs maritimes, les avions et navires de cargaison plus grands et la numérisation, ont joué un rôle clé dans la mondialisation qui a sorti un si grand nombre d’habitants de la planète de la pauvreté. Ces technologies récentes ne seront pas oubliées, mais il ne fait aucun doute que le facteur de risque dans le commerce international augmente.

Que peut faire le Canada?

À l’ACCA, nous croyons que le Canada doit continuer de défendre un système commercial international fondé sur des règles. Les vents politiques changent avec le temps et le Canada doit travailler avec des pays partageant les mêmes idées pour faire avancer le discours selon lequel le commerce mondial mène à des résultats positifs pour tous. Le commerce permet aux aliments d’acheminer les aliments de là où ils sont produits jusqu’à là où ils sont nécessaires. Une réduction des échanges commerciaux entraînerait une insécurité alimentaire dans les pays en développement, en particulier dans les pays importateurs de produits alimentaires.

Même s’il est difficile d’imaginer des progrès positifs et concrets dans les négociations internationales au cours des prochaines années, le Canada devrait s’efforcer de « sauver les meubles » et d’éviter un retour en arrière qui aggraverait la situation. La 13e Conférence ministérielle de l’OMC, qui se tiendra à Abu Dhabi du 26 au 29 février 2024, s’annonce difficile. L’ACCA et plusieurs membres seront sur le terrain pour soutenir un résultat positif.

Alors que les négociations multilatérales sont au point mort, le Canada doit se concentrer sur les accords commerciaux régionaux tels que l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), l’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre le Canada et l’Union européenne et, surtout, l’accord Canada-États-Unis-Mexique. Accord (ACEUM). Les États-Unis seront toujours notre partenaire commercial le plus important, peu importe notre degré de diversification, et la protection des avantages de l’ACEUM est une priorité absolue.

Dans le même temps, le CPTPP offre la possibilité d’augmenter les exportations vers les marchés asiatiques en croissance rapide comme l’Indonésie, le Vietnam et les Philippines.

En tant que pays, nous devons également éviter de nous tirer une balle dans le pied en adoptant des politiques et des législations contre-productives. Le Sénat canadien étudie actuellement le projet de loi C-282, qui entraverait les négociateurs commerciaux du Canada en leur interdisant par voie législative de discuter de certains secteurs agricoles soumis à la gestion de l’offre. Une telle approche handicaperait sérieusement les gouvernements canadiens – quelle que soit leur affiliation politique – et leurs négociateurs commerciaux à s’adapter aux concessions mutuelles lors des futures négociations commerciales visant à ouvrir de nouveaux marchés et à garantir un accès précieux aux produits, services et investissements canadiens.

Le moment ne pourrait guère être pire, dans la mesure où nous nous affaiblirions à mesure que nous approchons d’une période de risque potentiel élevé pour nos relations commerciales avec notre plus proche partenaire commercial, les États-Unis. Le prochain « examen conjoint » de l’ACEUM, qui débutera en juillet 2026, risque de dérailler en affaiblissant la main de nos négociateurs commerciaux et en constituant une cible facile pour leurs homologues américains.

En conclusion, il y a des raisons d’être optimiste quant au commerce agroalimentaire international malgré les risques. Le Canada peut saisir l’occasion en protégeant ce que le monde a accompli, tout en évitant ses propres objectifs inutiles.