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Lettre au très honorable Stephen Harper, Premier Ministre du Canada, au sujet du Partenariat transpacifique

Le 11 juin 2015

Le très honorable Stephen J. Harper, P.C., M.P.
Premier ministre du Canada
Cabinet du premier ministre
Bloc Langevin
80, rue Wellington
Ottawa (Ontario), K1A 0A3

Monsieur le Premier Ministre,

L’Alliance canadienne du commerce agroalimentaire (ACCA), dont les membres produisent 80 pour cent des exportations agricoles et agroalimentaires du Canada, contribuent des milliards à l’économie et emploient directement 500 000 Canadiens, demande que le gouvernement du Canada continue à s’engager entièrement dans les négociations du Partenariat transpacifique (PTP). Pour un secteur de l’économie qui crée des emplois et génère de la croissance grâce au commerce international, il est essentiel que le Canada soit un membre fondateur du PTP, un accord qui englobe un marché de 800 millions de personnes et près de 40 pour cent de l’économie mondiale.

Alors que la Chambre des représentants des États-Unis s’apprête à accorder au président Obama l’Autorité de promotion du commerce, il semble que le PTP puisse être conclu rapidement, ce, avec ou sans le Canada. Il est impératif que le Canada soit à la table des négociations au moment de la signature de cet accord. Si le Canada devait se retirer du PTP au moment de sa conclusion, les effets seraient dévastateurs sur nos exportations, car notre part de marché dans des pays comme le Japon serait érodée par d’autres pays qui  bénéficieraient d’un accès privilégié grâce au PTP. Si le Canada envisageait de se joindre au PTP à une date ultérieure, les pays membres pourraient alors exiger plus de concessions de notre part et offrir moins en retour, ce qui viendrait diminuer nos avantages et conduire les exportateurs canadiens à se trouver désavantagé vis-à-vis de leurs concurrents mondiaux.

Le PTP est particulièrement important pour l’industrie agricole et agroalimentaire, car nous sommes l’un des secteurs au monde les plus dépendants du commerce international. Nous exportons plus de la moitié de nos produits agricoles et agroalimentaires et 65 pour cent de nos exportations vont directement vers les pays du PTP. Pour qu’elle puisse continuer à jouer un rôle important dans l’économie du pays, l’industrie de l’agriculture et l’agroalimentaire canadienne a besoin de la croissance que peut fournir l’accès au marché par le PTP et d’une concurrence égale avec les autres exportateurs agricoles et agroalimentaires du PTP, tels les États-Unis et l’Australie.

Le PTP présente à l’ensemble de la chaîne de valeur agricole canadienne une opportunité historique d’augmenter sa capacité d’utilisation, de diversifier ses produits et ses marchés, et de rapporter au Canada d’importants bénéfices commerciaux. Les pays de l’Asie et du Pacifique sont des acheteurs importants de céréales, d’oléagineux, de produits de viandes et de sucre du Canada. Les producteurs d’orge canadiens exportent plus de la moitié de leur production vers les pays du PTP, soit sous forme d’orge, de malt ou de porcs et bœufs nourris à l’orge et autres grains, le Japon étant d’ailleurs leur deuxième marché pour le malt. Pour les producteurs de blé canadiens, si le Canada ne faisait pas partie du TPT comme membre fondateur, entre 1,5 et 2 millions de tonnes de blé de qualité exportés vers le Japon seraient menacés et leurs parts de marchés dans les pays de l’Asie et du Pacifique seraient reprises par leurs concurrents. Alors que quatre-vingt-dix pour cent de la récolte de canola du Canada est exportée sous forme de graines et de produits transformés, la levée des barrières tarifaires dans la région du PTP équivaudrait à l’exportation d’un million de tonnes supplémentaires d’huile et de tourteau de canola. Pour le secteur du bœuf et de l’élevage bovin, un accord du PTP pourrait aider les éleveurs à doubler, voire tripler, les exportations de bœuf au Japon. A l’inverse, pour le secteur des viandes, la perte de la parité d’accès au marché menacerait immédiatement au moins un milliard de dollars d’exportations actuelles et verrait une baisse de près de quarante pour cent du volume d’exportations de porc au Japon, un marché où la valeur du porc canadien est beaucoup plus élevée que sur la plupart des autres marchés. Enfin, le PTP présente une opportunité de renforcer le marché intégré nord-américain (ALENA) en levant les barrières d’accès au marché pour l’industrie du sucre canadien et ses produits dérivés et les intégrant comme intrants compétitifs au sein de la chaine de valeur agroalimentaire nord-américaine.

Monsieur le Premier Ministre, cette occasion historique ne peut être saisie que par la volonté de votre gouvernement d’obtenir le meilleur accord qu’il soit pour le Canada et en étant à la table de négociation lorsque le PTP sera conclu. Les agriculteurs, les éleveurs, les producteurs, les transformateurs et les exportateurs ont besoin d’une concurrence égale dans la région du Pacifique.
Nous apprécions vos efforts pour garantir que le Canada reste pleinement engagé dans les négociations du PTP qui pourrait être conclu dans les semaines à venir. Les exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires du Canada sont prêts à appuyer un accord ambitieux, plurilatéral et complet.

Sincèrement,

Brian Innes
Président

Cc : Honorable Ed Fast, Ministre du Commerce international
Honorable Gerry Ritz, Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire